La journée de samedi a été marquée par des opérations d’investissement humain pour rendre nos rues propres, à Dakar et ailleurs dans le pays.
Une opération baptisée ‘’cleaning day’’ par le Chef de l’Etat, le grand Manitou, qui a pris les devants pour descendre, la Première Dame et lui, sur le terrain.
Heureuse initiative. Le fait de donner un coup de balai est salutaire pour nos villes et villages souvent sales.
A ce propos, la démarche est à saluer.
Il est cependant souhaitable qu’elle soit pérenne. L’engouement de départ sera évidemment difficilement maintenu. Chassez le naturel, il revient au galop.
Nous avons l’habitude des bonnes initiatives, nous organisons des réflexions et des séminaires sur tout, mais le hic, c’est l’application. Dans la durée.
Et surtout que le Président souhaite non seulement l’application, mais en mode fast-track, c’est-à-dire rapidement, avec l’engagement de tous.
Pourtant, les obstacles à la pérennité de l’opération sont nombreux.
D’abord sa politisation. On a vu chaque responsable politique, surtout de l’Alliance pour la République (Apr), poster sur sa page Facebook ou WhatsApp, des photos pour montrer qu’il était sur le terrain. Bien sûr, un leader de l’opposition comme Thierno Bocoum a, lui aussi, posté son engagement. Une rare exception, sans doute.
Mais, généralement, ceux qui sont sortis, ont voulu répondre à l’appel du Chef de l’Etat et montrer qu’ils lui sont fidèles et solidaires.
Par conséquent, les choses vont continuer à marcher tant que le grand Manitou sera sur le terrain avec le même enthousiasme que ce samedi. Le jour où il commencera à montrer des signes de relâchement par manque de temps, entre autres, beaucoup de responsables prendront la poudre d’escampette.
Ensuite, il y a nos mauvaises habitudes, celles qui consistent à vivre en promiscuité sans vraiment se soucier de bien-être et propreté. Nos villes, surtout les banlieues, regorgent de monde qu’elles ont du mal à contenir. L’exode rural, le chômage surtout des jeunes, la cherté du loyer, le manque d’espaces et autres facteurs, expliquent un manque total d’hygiène dans nos modes de vie.
Il s’y ajoute le fait que le moindre espace est exploité pour un petit commerce ou un artisanat. Les trottoirs servent de commerce à des populations souvent pauvres, sous-employées et mal formées.
Pour ces gens, la propreté est presque un luxe. Ce qui importe, pour eux, c’est la survie.
En tout état de cause, comme l’a dit Macky, nous ne pouvons pas continuer à accepter l’insalubrité dans laquelle nous baignons. Il y va de la santé de nos populations et de l’attractivité de nos villes et villages.
Mais, il est important de travailler à un système efficace de ramassage des ordures, de mise en place de bacs, de poubelles partout où ce sera nécessaire.
Les urinoirs sont tout aussi utiles dans nos quartiers et dans les lieux publics. Il faudra que l’Etat s’implique pour ces mesures d’accompagnement.
Mais à voir ces croulants dans les rues le samedi, certains avec de gros ventres, on sait bien que cela ne va pas continuer. Ils vont vite s’essouffler et ranger tout cela aux oubliettes.
Alors, il est urgent que municipalités et Etat réfléchissent, ensemble, autour d’une stratégie efficace et pérenne de ramassage de nos ordures et de désengorgement de nos ruelles.
C’est à partir de ce moment seulement que la mise en place de cette brigade de lutte contre l’insalubrité aura tout son sens.
Il est important aussi de travailler à éduquer, sensibiliser les populations. Et pour les plus récalcitrants, à les sanctionner.
Si nous ne pouvons rien fabriquer, si nous devons tout importer de l’extérieur, y compris ce que nous mangeons comme le riz, le blé, le maïs, travaillons au moins à rester propres.
Mais si en plus nous ne pouvons même pas ramasser nos ordures, il faudra rendre notre indépendance et rester sous tutelle.
Assane Samb