Il y a une caisse noire à la SENELEC pour alimenter le ministère du pétrole

par admin

La hausse du prix de l’électricité est injustifiée

« Je suis très déçu par la hausse du prix de l’électricité parce que le Chef de l’État n’a fait que développer les arguments qui lui ont été fournis par les responsables du ministère du Pétrole et ceux de la Senelec. On lui a vendu que le Sénégal doit acheter du fioul et que le prix du fioul ne dépend pas de nous. Le fioul brandit comme prétexte est un faux argument, dans la mesure où ce fioul n’augmente absolument pas, au contraire, il y a des baisses de temps en temps. Quand on donne le coût du fioul aujourd’hui, c’est pour des livraisons dans un ou deux mois. Donc, ce n’est même pas le prix actuel. Sachez que la Senelec s’était affranchie des majors. C’est-à-dire que la Senelec n’achetait plus le fioul avec des vendeurs qui mettaient des charges et tout ça. Ensuite, le fioul est surtaxé au Sénégal. La taxe atteint 68,96% et je suis sûr qu’il y a d’autres taxes qui s’y sont greffées. Par ailleurs, il faut se méfier des déclarations de subventions. On vous donne des chiffres faramineux de subventions, mais vous ne voyez jamais de traçabilité. Ce sont des chiffres qui choquent et qui ne sont pas prouvés. Les arguments développés par la Direction générale de la Senelec sont de faux arguments fondés sur des prévisions d’achat et des prévisions de vente. C’est comme ça que la Senelec soumet ses chiffres à la Commission de régulation du secteur de l’électricité. »

Révélations sur une «caisse noire» à la Senelec

«Il y a l’existence d’une caisse noire à la Senelec pour alimenter le ministère du Pétrole. La Senelec soutient financièrement le ministère du Pétrole à travers un fonds qui a été créé et qui constitue une charge qui se répercute sur le prix de l’électricité. Ça, c’est un scandale. Aussi, ils ont dit qu’il y a 611.000 abonnés qui ne sont pas concernés par la hausse. Ça aussi, c’est une contrevérité et ils l’ont fait dire au président. C’est faux, car la Senelec ne connaît pas les familles à faibles revenus. Tous les arguments avancés par les autorités pour justifier  la hausse relèvent de contrevérités. La Commission de régulation du secteur de l’électricité est tout sauf «indépendante». Et la Senelec prend des décisions pour augmenter le revenu maximum autorisé (RMA) par ladite Commission. C’est des calculs fondés sur des prévisions et, en ce moment-là, on dit à l’Etat qu’il faut subventionner ou qu’il faut décider d’une hausse du prix de l’électricité (…). Pour le cas d’espèce, la Commission a été trahie par sa propre décision qui est une décision d’approbation des hausses. C’est-à-dire que c’est le ministère qui fixe la hausse et détermine l’augmentation en disant voilà, il y a 12 milliards donc il y a une hausse de 10% sur les petites consommations et 6% sur la moyenne consommation. Tout a été mis sur le dos du peuple.»

Les associations de consommateurs exclues du dialogue national

«Au début, quand on a vu qu’on ne nous associait pas au dialogue national alors que nous défendons les populations au quotidien pendant que dans ce dialogue, on a invité tout le monde y compris des marabouts, y compris des communicateurs traditionnels. Ce qui est très utile d’ailleurs, mais qu’on y a pas associé du tous les associations de défense des consommateurs. C’est le même cas au Conseil économique social et environnemental. Nous avons rué dans les brancards pour dire qu’ils n’ont aucune considération pour les associations de consommateurs. Et, nous avions décidé au niveau de Sos consommateurs de boycotter toutes les activités et toutes les rencontres qui étaient organisées par l’État et ses démembrements en disant que nous, nous allons défendre les consommateurs. On n’ira plus également à leurs réunions parce que ça les arrange que nous soyons présents à leurs réunions pour dire qu’ils étaient là, etc. Nous avons boycotté et ils nous ont appelés pour nous dire que voilà, c’était un oubli et ce n’était pas volontaire. Je pense qu’on a voulu corriger cet oubli en désignant trois personnes des associations de défense des consommateurs, dont moi-même et deux autres. Mais ce qui ne m’a pas plu, c’est la manière dont cette désignation est faite. Parce que quand il y a plus de 15 associations de défense des consommateurs, si vous voulez designer des représentants, il faut leur demander de choisir elles-mêmes et de vous dire des noms. Ce qui n’a pas été fait. Ce qui a été plus grave, c’est que je n’ai été ni informé ni contacté, aussi bien avant qu’après. Et je trouve ça totalement discourtois. C’est pourquoi je suis resté tranquille et j’attends parce que c’est un manque de considération de désigner des gens sans qu’ils ne soient informés.

Le consumérisme et la politique

«Quand, en 2002, nous avons créé l’Union des forces patriotiques, le récépissé tardait à sortir et comme moi j’étais avocat dans certaines associations de consommateurs à l’époque, j’ai cru utile de créer Sos consommateurs avec des amis. Chemin faisant, je me suis rendu compte que j’étais beaucoup plus utile aux populations en défendant les consommateurs qu’en travaillant dans le cadre d’un parti politique. Donc, j’ai pratiquement délaissé les partis politiques au profit de la défense des consommateurs. Parce qu’un parti politique au Sénégal, si vous n’avez pas de ressources, ce n’est pas la peine d’avoir un parti parce que vous ne pourrez pas financer des activités. Donc, c’est pourquoi j’ai abandonné la politique, même si je suis le président fondateur d’un parti. Il faut dire que ce parti fonctionne normalement sans moi et ce, depuis très longtemps.»

Les associations de défense des consommateurs en difficulté 

La difficulté majeure des associations de défense des consommateurs, c’est un problème de moyens. Parce que vous savez que c’est du bénévolat pur et dur et l’Etat ne donne pas de subventions aux associations de défense de consommateurs, comme ça se passe en France ou ailleurs. Et nous ne pouvons pas demander ou recevoir de l’argent des producteurs de biens et services parce qu’on ne serait plus crédibles en ce moment-là. Parce qu’une association de défense des consommateurs, pour qu’elle soit crédible, il faut d’abord qu’elle ait des dirigeants intègres. Deuxièmement, il faut être indépendant vis-à-vis de l’Etat et des producteurs de biens et services.

Enfin, il faut faire du résultat et, sans moyens, c’est extrêmement difficile. Nous, c’est avec nos propres moyens que nous fonctionnons. C’est pourquoi nous ne pouvons pas faire grand-chose. Même pour avoir des employés, il faut mettre la main à la poche. Nous n’avons reçu de subventions que d’une structure depuis notre existence et c’est l’Artp. L’Artp aide les associations de défense des consommateurs parce que c’est un régulateur indépendant et nous pouvons recevoir et c’est prévu par les textes de l’Artp (…). Nous avons de très bons rapports avec ce régulateur, contrairement aux autres régulateurs. »

 «Je préfère «Set-Setal» à «Clearing Day»

« C’est un mal sénégalais de démarrer fort et après de baisser les bras. Maintenant, je n’ai pas du tout aimé le terme « clearing Day ». Moi j’aurais aimé qu’on nous dise « set-setal ». En tous cas, c’est bon que cette journée ait été initiée. Cependant, il ne faut pas au bout de quelques jours décourager les gens qui vont y participer parce que ce sont les maires qui prennent la relève. Ça durer que quelques jours et après, on n’entendra plus parler de ça. Le Président veut mettre des distinctions, des prix, etc., c’est très bien, mais il y a des préalables. Il faut d’abord des mesures d’accompagnement. Il y a certains pays où vous n’osez pas jeter un papier dans la rue parce qu’il y a des boites qui sont dédiées à cela un peu partout. Mais s’il n’y a pas de poubelles, où est-ce que vous voulez que les gens jettent leurs ordures ?

Dès fois les gens sont obligés de jeter dans la rue et parfois ils le font en catimini. Donc, il faut mettre des poubelles, des urinoirs,… C’est tout cela qui concourt que les gens aient le réflexe de jeter leurs ordures dans la poubelle. Ensuite, il y a le problème de l’encombrement de la rue. Il n’y a plus de trottoir et les gens sont obligés de marcher sur la route, se disputer la route avec les voitures parce que les trottoirs sont encombrés par des petits commerces. Nos rues sont encombrées et les communes ont une responsabilité par rapport à cela parce que c’est elles qui louent les espaces.

Cheikh Moussa SARR

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