Arrivée d’Embalo au pouvoir à Bissau :L’impasse politique pourrait perdurer

par admin

La Guinée-Bissau a été longtemps prise en otage par les rivalités personnelles entre le Président sortant, José Mario Vaz, et le candidat malheureux au second tour, Domingo Simoes Pereira.

Aujourd’hui, les espoirs sont immenses de voir le pays dépasser une crise institutionnelle grave qui perdure depuis août 2015, quand le Président Vaz avait décidé de porter Baciro Dja à la tête de la primature.

Malheureusement, aujourd’hui, malgré l’euphorie de la victoire, les mêmes contradictions peuvent prévaloir entre Simoes Pereira et Umaro Sissoco Embalo, le président élu avec une majorité confortable de plus de 53%.

Non pas parce que le patron du parti historique, le PAIGC, conteste les résultats des urnes, mais parce que son parti, perdant à la présidentielle, est actuellement majoritaire à l’Assemblée nationale.

Or, d’après la Constitution bissau-guinéenne, c’est le parti majoritaire à l’Assemblée nationale qui désigne le Premier ministre et non le Président de la République.

C’était le principal point de discorde entre Vaz et Pereira quand le premier avait limogé le second au profit de Baciro Dja.

Depuis, Vaz n’a cessé de nommer des Premiers ministres qui sont tous rejetés par le parti majoritaire à l’Assemblée, lequel bloque les institutions au point qu’il n’y a plus vote de budget.

En conséquence, à y regarder de près, au regard du soutien de Vaz au second tour à Embalo et de Nuno Nabian (12% et 13% de l’électorat), on peut penser que les relations entre Embalo et Pereira seront les mêmes ou pire qu’entre ce dernier et le président sortant Vaz.

Domingo Simoes Pereira pourrait se prévaloir de la Constitution, bloquer les sessions parlementaires et continuer à faire perdurer la crise institutionnelle.

Car, il sait que le soutien de Vaz n’est pas gratuit et que ce dernier voudra rester aux affaires d’une manière ou d’une autre. Et lui, ne se privera pas de ce que la Constitution lui donne comme droit pour continuer à prendre en otage un pays que son parti, historique, vient de perdre pour la première fois de son histoire.

Nous avons toujours soutenu, dans cette chronique, que le pays est pris en otage par les deux hommes, Vaz et Pereira. Et Vaz risque de se mettre derrière Embalo pour un parachèvement de l’œuvre de l’affaiblissement de Domingo qui n’a pas dit son dernier mot.

Donc, il est important que les efforts de la Cedeao, dont les troupes sont sur place, soient maintenus afin qu’il y ait une réforme constitutionnelle ou un référendum pouvant adopter une nouvelle Constitution afin de changer le régime parlementaire en régime présidentiel.

Le Sénégal, avec Senghor, avait surmonté cette impasse avec la crise de 1962 qui avait les mêmes relents. Il faudra à la Guinée-Bissau un présidentialisme fort afin de permettre à celui qui est élu d’exercer la plénitude de ses pouvoirs.

Car, derrière Domingo Simoes Pereira, se cachent de nombreuses personnalités issues de l’Armée, de la Société civile et même des partis politiques. Ce sont les partisans de l’immobilisme, des conservateurs qui ont toujours dirigé le pays et qui rêvent de continuer à en faire autant.

Or, la Guinée-Bissau était devenu non seulement instable politiquement parlant, mais aussi un Etat-narcotrafiquant, peu fiable dans le concert des nations.

Les combattre ne sera pas facile, mais il faudra une fermeté de la communauté internationale et du nouveau Président pour ‘’dépaigciser’’ le pays.

Assane Samb

 

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