Eventualité d’un 3eme mandat : Macky justifie sa stratégie du clair-obscur

par admin

L’un des points forts de la conférence de presse organisée au Palais de la République, a été, de la part de Macky Sall, sa sortie sur le troisième mandat.

Intervenant devant un parterre de journalistes, dont sept de l’audiovisuel, seuls autorisés à lui poser des questions, le Président Sall a justifié sa stratégie du clair-obscur sur la question.

Sommé de répondre par oui ou par non, il a refusé de tomber dans le piège. ‘’Ce sera ni oui, ni non’’ a-t-il répondu, exactement comme il y a quelques semaines avec RFI.

Mais, on en saura au moins un peu plus. Macky a tenu à préciser que s’il se mettait à dire qu’il ne fera pas de troisième mandat, son entourage ne travaillerait plus et, s’il répondait par le contraire, la polémique serait encore plus grande.

Ainsi, il admet adopter une stratégie qui lui évite de payer le prix d’une clarté prématurée dans sa démarche.

C’est dire que l’on sait maintenant pourquoi il s’est tu. Du moins officiellement.

Examinons cependant les deux hypothèses avancées.

Sur l’attitude de son entourage, Macky n’a pas tort. Les velléités de lui succéder sont réelles dans un parti jeune, peu structuré, où il n’y a pas de numéro 2.

Toutefois, reconnaissons que même s’il ne dit rien, la guerre de succession n’en reste pas moins ouverte et ceux qui nourrissent des ambitions sont déjà dans les dispositions du repositionnement.

C’est ce qui se passe aujourd’hui au niveau de l’Alliance pour la République (Apr). Les propos extravagants de Cissé Lô et les supposés écarts de langage de Moustapha Diakhaté en disent long sur un malaise qui frappe le parti. Beaucoup se taisent en public, mais s’affirment en privé sans à en donner l’air.

Ce qui veut dire que Macky, en se taisant, laisse planer la possibilité de partir en 2024, ce qui suffit à nourrir les ambitions des uns et des autres.

C’est ce qui fait que son argumentaire, à ce niveau, ne tient pas à l’analyse et ne résiste pas aux faits.

Sur la polémique au niveau national et international, elle est déjà ouverte. Politiques, membres de la société civile, artistes comme Tiken Jah Fakoly, épiloguent sur la question et bien d’autres ont commencé depuis belle lurette à jaser et à jacter. Et ce n’est pas cette précaution de langage qui les privera de classer Macky sur le même registre qu’Alassane Ouattara, Alpha Condé, etc.

En somme, nous ne pensons pas que la stratégie va payer. Car elle n’est qu’un aveu, par le Président, de l’ambigüité de la question et montre qu’il n’a pas encore parachevé la réflexion là-dessus.

C’est tellement évident qu’il a eu à dire, de par le passé, que la constitution a réglé la question et qu’il ne se représentera pas. Entretemps, ce qui a changé, c’est le tohu-bohu judiciaire dans lequel son entourage s’en embourbé, les retrouvailles avec Me Wade qui lui ouvrent de nouvelles perspectives avec les négociations en cours à ce propos, l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz qu’il aurait voulu parrainer, etc.

Si Macky n’avait pas voulu d’un troisième mandat, il l’aurait répété clairement et tenu en respect son entourage dont la plupart le craint.

La polémique possible sur sa succession est le dernier de son souci et les propos avancés çà et là le laissent de marbre. La réalité est qu’il hésite encore.

En Afrique, il est parfois plus difficile de quitter le pouvoir que d’y accéder.

Son argumentaire au Palais était bien réfléchi. Mais ce n’était qu’une parade, un argument de plus, un subterfuge.

Le Président ne nous a pas convaincus du tout. Notre conviction reste que lui-même n’en sait rien encore. Tout dépendra du contexte d’alors qu’il analysera froidement avec ses spécialistes, ceux en qui il a vraiment confiance. Et sur cette question essentielle, l’avis de Wade pourrait aussi compter.

C’est dire que rien n’est encore exclu. Macky a besoin d’y voir clair selon ses propres paramètres et son agenda caché.

Donc, il faudra s’attendre à tout.

 

Assane Samb

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