1446 bâtiments vont s’effondrer au Sénégal

par Dakar Matin

Le naufrage du bateau Le Joola devait sensibiliser et inciter les populations à se prendre en charge, mais aucune leçon n’a été retenue. Et d’autres accidents dus par laxisme se sont succédés.

Comme les effondrements de bâtiments à Dalifort et Hann Bel Air avec un lourd tribut en perte de vies humaines. Et des conclusions terrifiantes ont été tirées d’une commission technique par les services du Ministère de l’Urbanisme.

En effet, il est fait état de 1446 bâtiments qui menacent de s’effondrer avec l’absence d’études , des erreurs dans les procédures de construction. En sus de la mauvaise qualité des matériaux, des extensions en hauteur non prévus lors de la construction. Tout cela constitue les origines du mal.

Le Ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Saydou Sow ne s’est pas dérobé: “nos services sont défaillants, ceux qui doivent communiquer ne le font pas”, a-t-il dit, sans complaisance.

Le ministère de l’Intérieur renseigne que plus de mille bâtiments menaçant ruine sont répertoriés au Sénégal au cours d’un recensement effectué sur instruction de Antoine Félix Diome, ministre de l’Intérieur. C’est le représentant dudit ministère qui a rendu publics ces chiffres hier au cours de la cérémonie de restitution du rapport final sur la problématique des effondrements de bâtiments présidée  par Abdou­laye Sow, ministre de l’Urba­nisme, du logement et de l’hygiène publique. «A titre d’illustration, le recensement que les gouverneurs de région ont effectué au mois d’avril a fait le constat de 1446 édifices à ris­que sur l’étendue du territoire national dont la moitié se trouve à Dakar, 627. Et ce recensement nécessiterait une actualisation pour que ce document soit un point de départ pour pouvoir mettre en place toutes les dispositions qui seront res­pectées», a fait savoir Cheikh Sadibou Diop, le représentant du ministère de l’Inté­rieur.


Face à la recrudescence des effondrements de bâtiments, le chef de l’Etat a donné des directives, lors du Conseil des ministres du 3 février 2021, sur la nécessité de renforcer le contrôle de la qualité des matériaux et système de  construction. Ainsi, le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’hygiène publique a donné des instructions à la Direction générale de la construction et de l’habitat (Dgch) à réunir les acteurs du secteur pour faire un diagnostic et proposer des solutions. «Les causes des effondrements ont été analysées et classées en trois groupes : les bâtiments en cours de construction, les bâtiments neufs et des bâtiments prématurément vétustes, bien que certaines soient communes aux trois types. Ainsi, il a été identifié : le défaut d’étanchéité de terrasse et des salles d’eaux qui entraîne la corrosion des armatures et l’éclatement du béton», indique-t-on dans le rapport final de la commission technique sur la problématique des effondrements des bâtiments au Sénégal.  «Les incendies sur les bâtiments fragilisent les structures et les erreurs dans les procédures de construction, le poids excessif de matériaux de construction stockés sur les dalles en cours de travaux (sable, ciment, parpaing, etc.), les surcharges dues à une accumulation d’eau de pluie en terrasse» constituent les autres causes qui exposent les bâtiments à un risque d’effondrement.


La commission technique, à travers ce document, a fait un certain nombre de recommandations pour changer la donne ; que l’accent soit mis sur l’information et la sensibilisation des acteurs et prône le renforcement de la réglementation concernant les constructions et les moyens de contrôle. Tout en saluant le travail fait par les membres de la commission technique et en affichant sa volonté que la structure se mue en observatoire pour aider au respect de la mise en œuvre du respect des normes de construction, Abdoulaye Sow, ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, d’en appeler au pragmatisme des uns et des autres pour éradiquer l’effondrement des bâtiments avec celui qui a eu lieu tout récemment à Hann  Bel Air avec son lot de morts et de blessés. «Quelle que soit la difficulté que nous avons, si les gens sont présents, une solution doit être trouvée», se montre pragmatique le ministre de l’Urbanisme qui rappelle qu’un intervenant au cours des échanges a signalé que la Dcos  (Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation du sol) est la structure «la plus crainte» dans le processus de contrôle du respect des normes de construction au Sénégal. Ce qui pousse le ministre à inciter l’Inspection générale des bâtiments (Igb) à faire «preuve de plus d’autorité», tout en demandant à ce que «les services de contrôle soient renforcés» pour amener ceux qui construisent à ne pas enfreindre les bonnes manières en matière de construction. «Les moyens ne doivent pas être un obstacle. On pleurniche beaucoup, «on n’a pas les moyens», et on croise les bras. Dans les solutions que vous avez posées, la première expression, vous avez dit sensibilisation. Vous n’avez pas évoqué les termes de la sensibilisation. Dans ce monde si vous ne communiquez pas, on a l’impression que vous ne travaillez pas. Il faut communiquer sur vos actions. Il faut utiliser tous les canaux modernes de communication.

Les canaux modernes de communication ce n’est pas seulement la Rts ou Le Soleil, ce sont aussi les réseaux. Si vous n’êtes pas sur les réseaux sociaux, on n’anticipe pas sur les questions, un bâtiment s’effondre, qui communique ? C’est la presse. Il faut que vous définissiez un plan d’action précis en communication», recommande le ministre de l’Urbanisme. Et ce dernier annonce la mise en œuvre d’un nouveau code de l’Urbanisme dès janvier prochain, tout en soulignant que les recommandations faites par-ci et par-là par les acteurs seront intégrées dans le document, qui a été validé et sera transmis au président de la République.

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